La première fois que j’ai atterri à l’aéroport de Kilimandjaro, j’avais des dollars en liquide, une carte bancaire internationale… et zéro shilling tanzanien en poche. En sortant, j’ai été happé par une nuée de chauffeurs de taxi et de changeurs improvisés, chacun avec son taux « spécial pour toi mon frère ». C’est ce jour-là que j’ai compris à quel point la question de la monnaie en Tanzanie peut vite devenir un casse-tête pour un voyageur mal préparé.
La Tanzanie est un pays incroyablement accueillant, mais sur le plan financier, il y a quelques pièges classiques. Dans cet article, je te partage les 7 erreurs les plus fréquentes que je vois chez les voyageurs… et surtout comment les éviter pour voyager l’esprit plus léger.
Comprendre la monnaie en Tanzanie avant de partir
La monnaie officielle en Tanzanie est le shilling tanzanien (TZS). Même si le dollar américain est largement accepté dans les zones touristiques, notamment pour les safaris et les hébergements, tu ne pourras pas l’utiliser partout. Les petits commerces, les bus locaux, les marchés, les snacks de bord de route… tout ce petit monde fonctionne en shillings.
Pour une vision plus structurée (taux, billets, astuces de terrain), tu peux aussi consulter notre dossier complet sur la gestion de la monnaie en Tanzanie, mais voyons déjà ensemble les erreurs que je vois le plus souvent sur le terrain.
Le duo dollars + shillings : comment ça marche vraiment ?
Concrètement, tu vas jongler entre deux monnaies :
- les shillings tanzaniens pour la vie quotidienne : bouteilles d’eau, fruits au marché, restaurants locaux, bus, pourboires en ville, petits achats spontanés ;
- le dollar américain pour :
- les parcs nationaux (droits d’entrée, frais de conservation) ;
- certains lodges, camps de safari et hôtels ;
- certains tours opérateurs, activités touristiques et paiements en ligne.
Le piège, c’est de supposer qu’on peut tout payer en dollars. C’est faux, surtout dès que tu t’éloignes de la bulle touristique. D’où l’importance de comprendre comment gérer les deux monnaies… et d’éviter les erreurs qui suivent.
Erreur n°1 : Arriver sans aucun shilling tanzanien
Je vois beaucoup de voyageurs arriver avec uniquement des dollars, persuadés de tout régler comme ça. À l’aéroport, tu peux parfois payer le taxi en dollars, mais dès que tu touches une ville un peu plus locale, cette stratégie montre vite ses limites.
Les problèmes concrets que ça pose
- Tu te retrouves à payer le taxi plus cher parce que tu ne connais pas le taux de change réel.
- Tu ne peux pas acheter d’eau, de carte SIM ou de snack dans les petites échoppes qui n’acceptent que les shillings.
- Tu perds du temps à chercher un distributeur ou un bureau de change après un long vol.
Comment éviter cette erreur
- Retire un petit montant en shillings directement à l’aéroport (ce n’est pas toujours le meilleur taux, mais c’est pratique pour démarrer).
- Ou, si ton aéroport de départ le permet, commande des shillings tanzaniens avant de partir (rare, mais parfois possible).
- Prévois au moins de quoi couvrir :
- un taxi ou un transfert si tu ne l’as pas déjà réservé ;
- une carte SIM locale ;
- un repas ou quelques snacks.
À titre personnel, je vise toujours l’équivalent de 50 à 100 € en shillings pour mes premières 24 heures sur place.
Erreur n°2 : Changer trop d’argent en une seule fois
Certains voyageurs, par peur de manquer, changent une grosse somme dès l’arrivée. Résultat : ils se retrouvent à la fin du séjour avec une montagne de shillings à refourguer… à un taux bien moins intéressant.
Pourquoi c’est une fausse bonne idée
- Tu vas probablement utiliser aussi ta carte bancaire, donc tu n’as pas besoin de tout convertir en espèces.
- Tu risques d’estimer un budget trop large, surtout si tu voyages en mode local (bus, guesthouses, street food).
- Tu te retrouves à transporter plus de cash que nécessaire, ce qui augmente toujours un peu le risque (perte, vol, oubli).
Ce que je conseille sur le terrain
- Change ou retire par « tranches » : par exemple l’équivalent de 100 à 150 € à la fois.
- Observe tes dépenses réelles les premiers jours : tu ajusteras ensuite en conséquence.
- Garde à l’esprit qu’il est beaucoup plus simple de retirer à nouveau que de reconvertir des espèces en fin de séjour.
Dans les grandes villes (Arusha, Dar es Salam, Moshi, Zanzibar City), tu trouveras des distributeurs assez facilement. Dans les zones plus reculées ou en safari, ce sera une autre histoire… d’où l’importance de planifier.
Erreur n°3 : Ignorer les frais bancaires et les taux de change
C’est un piège invisible, mais très réel. Tu penses faire un retrait banal, mais entre les frais de ta banque et ceux de la banque locale, ton séjour peut vite coûter 3 à 5 % de plus, rien que sur la gestion de l’argent.
Les frais classiques qui se cumulent
- Frais fixes de ta banque pour chaque retrait à l’étranger (ex : 2 à 5 € par retrait).
- Commission de change intégrée dans le taux (moins visible, mais parfois la plus douloureuse).
- Frais éventuels facturés par la banque tanzanienne (cela varie selon les distributeurs).
Comment limiter la casse
- Vérifie avant de partir les conditions de ta banque (frais à l’étranger, plafonds, options voyage).
- Envisage une carte spécialisée « voyage » (type banques en ligne ou néobanques) qui réduit ou supprime certains frais.
- Privilégie des retraits un peu plus importants, mais pas au point de circuler avec une fortune dans le sac.
- Compare le montant retiré affiché en TZS avec la somme débitée sur ton compte : tu verras vite si le taux est correct.
Sur la route, j’ai pris l’habitude de noter mentalement le taux du jour et de faire un calcul rapide à chaque retrait. Ce simple réflexe m’a évité bien des mauvaises surprises.
Erreur n°4 : Voyager en ne comptant que sur la carte bancaire
En ville, beaucoup de voyageurs se rassurent en se disant : « De toute façon, j’ai ma Visa/Mastercard, ça ira. » Sauf que la Tanzanie, ce n’est pas l’Europe. Hors grandes zones touristiques, la carte reste encore loin d’être la norme.
Où la carte fonctionne (plus ou moins bien)
- Hôtels et lodges de gamme moyenne à haute, notamment pour les safaris.
- Grands restaurants touristiques ou certains cafés modernes.
- Agences de safari, tour-opérateurs, compagnies aériennes.
- Gros supermarchés dans les grandes villes.
Mais dans la vraie vie quotidienne tanzanienne, on te demandera surtout du cash.
Les situations où tu auras absolument besoin d’espèces
- Dans les marchés locaux pour acheter des fruits, légumes, souvenirs.
- Pour les dala-dala (minibus locaux), mototaxis, tuk-tuks.
- Dans les petits restaurants locaux et stands de street food.
- Pour les pourboires aux guides, porteurs, chauffeurs (souvent en shillings, parfois en dollars pour les safaris haut de gamme).
- Dans les zones rurales, les villages et certaines îles isolées.
Stratégie simple
- Considère la carte comme un complément, pas comme ton unique solution.
- Garde toujours un minimum d’espèces en shillings sur toi, bien réparties (portefeuille, ceinture cache-billets, poche discrète du sac).
- Si tu prévois un autotour, anticipe les zones sans distributeur et retire suffisamment avant de t’éloigner des villes.
Erreur n°5 : Ne pas vérifier les billets et la monnaie rendue
Sur la route, les échanges d’argent se font vite : taxi, marché, petits commerces… et c’est là que les erreurs de rendu de monnaie sont les plus fréquentes. Souvent par inattention, parfois volontairement.
Les erreurs typiques
- Confondre les zéros sur les billets (payer 10 000 au lieu de 1 000, ou inversement).
- Recevoir de la monnaie avec des billets anciens ou endommagés, difficiles à réutiliser.
- Se tromper sur la conversion dollars <> shillings quand on paie dans une devise et qu’on rend la monnaie dans l’autre.
Les bons réflexes à adopter
- Prends le temps de regarder chaque billet qu’on te rend, même si la situation est un peu pressante.
- Apprends rapidement à reconnaître les principales coupures (1 000, 2 000, 5 000, 10 000 shillings) et leurs couleurs.
- Évite au maximum de payer en dollars pour des petites sommes : tu compliques les calculs et t’exposes aux erreurs de change.
- Si un billet est trop abîmé, n’hésite pas à demander qu’on t’en donne un autre.
Ce n’est pas une question de méfiance permanente, mais simplement de garder le contrôle. La plupart des gens sont honnêtes, mais la confusion autour des billets est très courante chez les voyageurs fatigués ou pressés.
Erreur n°6 : Oublier d’anticiper les paiements des safaris et des parcs
Les safaris et l’entrée dans les parcs nationaux tanzaniens représentent souvent la plus grosse part du budget d’un voyage. C’est aussi la partie où les questions de monnaie peuvent devenir un véritable casse-tête si tu t’y prends au dernier moment.
Ce qui complique les choses
- Les droits d’entrée sont souvent exprimés en dollars, mais payables par carte ou via ton agence.
- Certains hébergements en brousse préfèrent les paiements en dollars, surtout pour les extras (boissons, activités complémentaires).
- Les pourboires pour les rangers, guides et chauffeurs peuvent être donnés en dollars ou en shillings, selon le contexte.
Ce que je recommande avant un safari
- Clarifie avec ton agence ou lodge ce qui est inclus dans le prix et ce qui ne l’est pas (boissons, activités optionnelles, pourboires).
- Demande dans quelle monnaie tu pourras payer sur place (shillings, dollars, carte).
- Prévoyez une enveloppe dédiée aux pourboires, en petites coupures propres (1, 5, 10 USD) et un peu de shillings pour les petits services.
- Vérifie si tu pourras régler les droits d’entrée aux parcs par carte bancaire, ou si l’agence s’en charge pour toi.
Un safari en Tanzanie, ce n’est pas juste de l’adrénaline et des lions au lever du soleil. C’est aussi une logistique financière à anticiper, surtout si tu multiplies les parcs (Serengeti, Ngorongoro, Tarangire, etc.).
Erreur n°7 : Négliger la sécurité de son argent sur place
La Tanzanie n’est pas un pays particulièrement dangereux, mais comme partout, un touriste distrait avec beaucoup de cash sur lui reste une cible facile. Or, en voyage, l’argent liquide circule plus que dans ton quotidien.
Les situations à risque
- Sortir tout son portefeuille dans un marché bondé pour payer une petite somme.
- Compter un gros paquet de billets bien en vue dans une gare de bus.
- Laisser de l’argent liquide dans un sac laissé sans surveillance, même quelques minutes.
- Avoir tout son cash et toutes ses cartes au même endroit.
Quelques gestes simples qui changent tout
- Divise ton argent :
- un petit porte-monnaie accessible pour les dépenses du jour ;
- une réserve mieux cachée (ceinture discrète, pochette intérieure) ;
- éventuellement un peu de cash laissé dans le coffre de l’hébergement.
- Évite les démonstrations de richesse (compter des billets en public, sortir plusieurs cartes à la fois).
- Fais une photo ou une copie des numéros de tes cartes bancaires pour pouvoir les bloquer rapidement en cas de problème.
- Utilise les coffres des hôtels quand ils sont fiables, mais ne laisse jamais tout au même endroit.
Avec ces quelques réflexes, tu peux voyager assez sereinement. L’idée n’est pas de te mettre dans une parano permanente, mais de limiter les opportunités faciles.
Conseils pratiques pour gérer ton budget en Tanzanie au quotidien
Après plusieurs voyages en Tanzanie, j’ai adopté quelques habitudes simples qui rendent la gestion de l’argent beaucoup plus fluide. Elles tiennent en quelques points clés.
Avoir toujours un mélange de petites et moyennes coupures
- Garde des billets de 1 000 et 2 000 TZS pour :
- les bus locaux ;
- les petites boutiques ;
- les snacks de rue ;
- les petites bouteilles d’eau.
- Utilise les billets de 5 000 et 10 000 TZS pour :
- les repas dans les restaurants locaux ;
- les achats plus conséquents au marché ;
- certains trajets en taxi.
Évite autant que possible de payer de petites sommes avec un gros billet, tu risques de te retrouver avec un commerçant qui n’a pas la monnaie, ou qui tarde à te la rendre.
Garder un œil sur ses dépenses sans se prendre la tête
- Fais un point rapide chaque soir sur les dépenses du jour (transport, repas, extras).
- Note, même rapidement, les grosses dépenses (safari, excursions, trajets longue distance).
- Prévois toujours une marge de sécurité de 10 à 20 % au-dessus de ton budget initial, pour les imprévus.
Tu peux utiliser une simple note sur ton téléphone, pas besoin d’un tableur complexe. L’idée est d’éviter la mauvaise surprise de la carte qui passe « limite » à la fin du séjour.
Utiliser le bon sens dans les situations de négociation
En Tanzanie, certaines situations se négocient, d’autres non :
- Souvent négociables : taxis, mototaxis, tuk-tuks, certains souvenirs au marché, excursions informelles.
- Peu ou pas négociables : hôtels réservés en ligne, restaurants, grandes boutiques, droits d’entrée dans les parcs.
Quelques repères utiles :
- Renseigne-toi auprès de ton hébergeur sur les prix habituels (ex : taxi centre-ville <-> aéroport, prix d’un dala-dala).
- Négocie avec respect, sans agressivité ni mépris. La discussion fait partie du jeu, mais en gardant en tête que quelques centaines de shillings de plus ou de moins peuvent faire une vraie différence localement.
- Si le prix est honnête et dans ta fourchette, inutile de batailler pour l’équivalent de 0,50 €.
Planifier les grosses dépenses à l’avance
- Réserve tes safaris principaux depuis la France ou une grande ville tanzanienne, pas à la dernière minute dans la rue.
- Clarifie toujours :
- le prix total et la devise (USD, TZS, EUR) ;
- les modalités de paiement (cash, carte, virement) ;
- l’échéancier (acompte, solde sur place).
- Garde les confirmations de paiement et les reçus (version papier ou photo dans ton téléphone).
Entre villes animées, îles de l’océan Indien et immensités sauvages des grands parcs, la Tanzanie offre une mosaïque de paysages et d’ambiances. Avec un peu d’anticipation sur la question de la monnaie, tu pourras te concentrer sur l’essentiel : suivre les traces de lions au petit matin, discuter avec les Maasai au soleil couchant, ou simplement savourer un plat de chipsi mayai dans un petit boui-boui local sans te demander si tu vas réussir à payer.