Quelle est l’altitude du Kilimandjaro et comment s’y préparer

Altitude du Kilimandjaro : à la conquête du toit de l’Afrique

Le Kilimandjaro n’est pas seulement une montagne, c’est un symbole. Symbole de réussite, d’aventure, de dépassement de soi. Dressé dans le nord-est de la Tanzanie, aux portes du Kenya, ce géant solitaire domine les plaines africaines avec une altitude de 5 895 mètres au sommet de l’Uhuru Peak, sur le volcan Kibo. Voilà, vous avez le chiffre. Mais derrière les chiffres, il y a toute une préparation, des choix à faire, des réalités à affronter. Grimper le Kilimandjaro, c’est s’engager dans une expérience intense, physique et mentale. Et pour y arriver, mieux vaut ne rien laisser au hasard.

Oui, il fait 5 895 mètres… mais ce chiffre cache bien des réalités

On me demande souvent : « C’est faisable sans expérience de l’alpinisme ? » Oui, techniquement. Le Kilimandjaro est le plus haut sommet accessible aux trekkeurs sans savoir-faire technique en escalade. Mais ne vous y trompez pas : son altitude est une vraie épreuve. Ce n’est pas le dénivelé qui éreinte, c’est l’acclimatation.

À près de 6 000 mètres, l’oxygène se fait rare. Le mal aigu des montagnes (MAM) guette les imprudents, même les athlètes habitués à l’effort. C’est pour cette raison que la préparation, le choix de l’itinéraire et le rythme de montée sont cruciaux.

Les différentes routes : choisir en connaissance de cause

Il existe plusieurs voies pour atteindre le sommet, chacune avec ses spécificités, ses paysages, sa foule… et son taux de réussite. Voici les principales :

  • Marangu : surnommée la « route Coca-Cola », c’est le seul itinéraire avec des refuges. Plus directe, mais moins efficace pour l’acclimatation. Environ 5 jours.
  • Machame : plus longue (6 à 7 jours), plus pittoresque, plus physique aussi. Très populaire, avec un meilleur taux de réussite grâce à une acclimatation progressive.
  • Lemosho : belle, sauvage, moins fréquentée au départ. Elle emprunte ensuite la Machame. Idéale pour ceux qui veulent éviter la foule.
  • Rongai : part du nord, plus sèche, plus isolée, adaptée en saison des pluies. Moins de monde, mais acclimatation parfois plus brutale.
  • Northern Circuit : la plus longue, et donc celle qui offre la meilleure adaptation à l’altitude. Si vous avez du temps (9 jours), c’est celle que je recommande le plus souvent.
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Personnellement, j’ai emprunté la Machame. C’était fin juin, une saison sèche, les conditions étaient bonnes. Les paysages m’ont laissé sans voix, mais j’ai vu des gens renoncer dès le troisième jour à cause du MAM. Ce n’est pas une rumeur : ça peut frapper n’importe qui.

Physique ou mental ? En montagne, c’est 50/50

Être sportif, c’est bien. Avoir du mental, c’est mieux. Voici la vérité : sur le Kilimandjaro, vous marchez lentement (le célèbre « pole pole » en swahili), parfois cinq heures à une allure d’escargot fatigué… mais l’altitude vous rend chaque pas plus lourd que s’il pesait une tonne. Vous n’êtes pas là pour faire un sprint. L’endurance prime. Et surtout : acceptez de ralentir.

Le jour du sommet est le plus éprouvant, physiquement et psychologiquement. Réveil vers minuit, départ dans le froid glacial, souvent -10°C à -15°C, avant de grimper dans le noir pendant 6 à 8 heures. Ce n’est pas une balade. Le souffle est court, la tête tourne parfois, et certains pleurent en silence. Mais au sommet, c’est un mélange d’extase, de fatigue, de soulagement. Un instant que je n’oublierai jamais.

Comment bien se préparer avant l’ascension ?

Pas besoin d’être un marathonien, mais une bonne condition physique est essentielle. Quelques conseils concrets :

  • Marchez régulièrement. Rando sur plusieurs heures, idéalement avec du dénivelé.
  • Renforcement musculaire pour les jambes, mais aussi le dos et les épaules (vous portez un sac à la journée).
  • Cardio modéré : vélo, natation, course à pied… deux à trois fois par semaine deux mois avant le départ.
  • Si vous pouvez, faites un court trek en altitude avant (Pyrénées, Alpes, Atlas marocain…).
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Plus que la performance physique, travaillez votre capacité à écouter votre corps. Savoir quand ralentir, quand boire, quand s’arrêter. C’est ça qui fait la différence là-haut.

Équipement : marcher léger, mais bien

Sur le Kilimandjaro, vous êtes exposé à des variations de température extrêmes. Du climat tropical au départ, au vent glacial du sommet. Bien s’équiper, c’est rester opérationnel jusqu’au bout.

  • Chaussures de rando montantes déjà bien faites à votre pied. Pas de chaussures neuves !
  • Vêtements techniques en plusieurs couches : base layer thermique, polaire, doudoune légère, coquille imperméable.
  • Gants chauds, bonnet, cache-cou.
  • Lunettes glacier pour éviter les brûlures de rétine à l’approche du sommet.
  • Sac de couchage -10°C confort minimum. Pas juste limite, sinon vos nuits seront longues.
  • Lampe frontale, indispensable la nuit du sommet.
  • Crème solaire, même à haute altitude, le coup de soleil peut être traître.

Je vous conseille de louer une partie de l’équipement sur place si vous n’avez pas tout. Les agences tanzaniennes proposent souvent du bon matériel contre quelques dollars de frais. Mais testez-le avant de partir en trek… parfois, les fermetures éclair aiment l’altitude autant que les moustiques aiment vos mollets.

Le rôle crucial des guides et porteurs

Sur le Kilimandjaro, il est obligatoire d’être accompagné par un guide certifié. Et croyez-moi, ce n’est pas une mauvaise chose. Les guides tanzaniens sont pour la plupart hyper compétents, patients, et surtout attentifs aux moindres signes de défaillance. Leur but : vous faire arriver au sommet… en bonne santé.

Les porteurs sont les héros silencieux de l’ascension. Ils montent chaque jour avec parfois 20 kg sur le dos, vous installent le campement, cuisinent. Respectez-les. Apprenez leur prénom. Partagez un mot en swahili, un sourire. Ils sont là pour que vous viviez cette aventure dans les meilleures conditions.

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Et après ? Le retour est aussi émotionnel

Rien ne vous prépare vraiment à l’émotion qui vous submerge au sommet. Mais le retour, lui, est souvent sous-estimé. Descendre n’est pas anodin. Les jambes sont tendues, les articulations sursollicitées. Et surtout : on sent qu’on reprend de l’oxygène à chaque mètre perdu… ce qui donne faim, soif, et même envie de danser, parfois !

Mon conseil ? Prenez une journée de repos à Moshi pour savourer l’instant. Mangez un bon ugali accompagné de poulet grillé, buvez une Kilimanjaro Beer bien fraîche, regardez le sommet au loin en repensant à chaque effort fournit… et remerciez votre corps. Au retour, ce sommet restera imprimé dans votre mémoire. Et vous comprendrez pourquoi tant de voyageurs – moi inclus – rêvent d’y retourner encore.

Monte là-haut si l’appel se fait sentir. Ne le fais pas pour la photo au sommet, fais-le pour cette lente transformation intérieure qui s’opère à chaque pas. Le Kilimandjaro ne pardonne pas l’improvisation, mais il vous récompense par une leçon de vie à chaque foulée.