Pourquoi le Rwanda pour voir les gorilles ?
Quand on pense au Rwanda, on imagine souvent les mille collines, les plantations de thé à perte de vue, et bien sûr, les emblématiques gorilles des montagnes. C’est l’un des rares endroits sur Terre où l’on peut encore observer ces animaux fascinants dans leur habitat naturel.
Le pays a fait un travail remarquable de préservation depuis les années 2000. Aujourd’hui, les gorilles sont devenus une véritable fierté nationale et un symbole de renouveau. Même si le prix d’un permis est élevé, chaque franc investi contribue à la sauvegarde de ces primates et au soutien des communautés locales. C’est plus qu’un simple safari : c’est une expérience humaine et animale à forte portée.
Où observer les gorilles au Rwanda ?
La réponse est claire : dans le Parc National des Volcans, au nord-ouest du pays. C’est ici, sur les pentes brumeuses des volcans Virunga, que vivent plusieurs familles de gorilles des montagnes, habituées à la présence humaine depuis de nombreuses années.
Le parc est frontalier avec la République démocratique du Congo et l’Ouganda. On y partage donc la même population de gorilles, mais le Rwanda est de loin la destination la plus accessible et la mieux organisée pour ce type de trekking.
Organisation du trek : à quoi s’attendre ?
Le départ se fait généralement tôt le matin depuis Kinigi, le centre de briefing du parc. Après un café et un rapide topo avec les rangers, les groupes sont constitués selon la condition physique des visiteurs. Chaque groupe est assigné à une famille de gorilles habituée aux humains – une précaution essentielle pour garantir la sécurité des visiteurs et le bien-être des animaux.
Une fois équipés et briefés, vous partez en véhicule 4×4 jusqu’au point de départ de votre trek. Là commence la marche. Selon la famille assignée, l’ascension peut durer entre 30 minutes… et 5 heures. L’humidité, la boue et les pentes raides sont à prendre au sérieux. Ce n’est pas une promenade de santé, mais la récompense vaut chaque goutte de sueur.
La rencontre avec les gorilles
Rien ne vous prépare vraiment à ce moment. L’atmosphère change quand les rangers vous font signe de baisser la voix. Puis, sans prévenir, ils sont là. Immobiles ou en train de jouer, de manger ou de grimper, les gorilles vous observent avec une indifférence tranquille. Vous êtes à quelques mètres — pas plus de 7 mètres, selon les règles fixées — mais parfois, un jeune curieux peut s’approcher. Ne bougez pas. Ne touchez à rien. Gardez le silence. Juste… profitez.
On ne passe qu’une heure sur place. Pas plus. Pour ne pas fatiguer les primates, l’exposition humaine est limitée. Une heure intense, dense. Ensuite, on redescend. Souvent dans un silence habité, encore secoué par l’émotion brute de cette rencontre.
Faut-il être sportif ?
Clairement, une bonne condition physique aide. Les trek peuvent se révéler physiques, avec des passages glissants et de fortes pentes. Cela dit, les guides attribuent les familles selon vos aptitudes. Si vous avez des difficultés, signalez-le lors du briefing. Certaines familles vivent à des altitudes plus basses et sont accessibles avec un effort modéré.
Quel est le coût ?
C’est sans doute la partie qui fait mal au portefeuille. Le permis d’observation d’un gorille au Rwanda coûte 1 500 USD par personne. Oui, c’est cher. Mais ce prix inclut :
- L’encadrement par les rangers formés
- L’accès au parc
- La protection de la faune et de la flore
- Un soutien direct aux communautés locales (10 % des revenus du parc leur sont reversés)
Si vous voyagez hors saison (novembre à mai), des réductions peuvent s’appliquer si vous combinez votre visite avec d’autres parcs du Rwanda comme Akagera ou Nyungwe. À discuter avec les agences locales ou le Rwanda Development Board.
Quand partir ?
Le Rwanda est praticable toute l’année, mais les saisons sèches (de juin à septembre et de décembre à février) sont les plus recommandées pour le trek. Les sentiers sont moins boueux et la visibilité est meilleure. En saison des pluies (mars-mai et octobre-novembre), les paysages sont plus verts, les gorilles parfois plus proches, mais les chemins peuvent vite se transformer en bourbiers.
Matériel à prévoir
- Chaussures de randonnée montantes, imperméables
- Pantalon long et chemise à manches longues (même en cas de chaleur, pour vous protéger des orties et moustiques)
- Veste imperméable ou poncho
- Gants de jardinage (utile pour attraper les branches et se protéger les mains)
- Chapeau, lunettes de soleil et crème solaire
- Répulsif à moustiques
- Petites collations et eau (en bouteille réutilisable si possible)
Vos sacs sont portés par des porteurs si vous le souhaitez (environ 10 USD). Un coup de pouce bienvenu qui soutient aussi l’économie locale.
Avec ou sans guide ?
Pour le trek aux gorilles, vous serez de toute manière accompagné par des rangers formés : aucune possibilité d’accéder au parc par soi-même. Mais pour organiser le voyage dans son ensemble, vous pouvez passer par une agence locale fiable. Personnellement, j’ai préféré organiser une partie de mon itinéraire moi-même avec l’aide d’un guide pour la partie nord, histoire de réduire les coûts tout en gardant une bonne logistique sur place.
Respecter les règles : un impératif
Le Rwanda est très strict en matière de protection des gorilles. Et c’est tant mieux. Voici ce qu’il est important de respecter :
- Ne pas approcher les gorilles à moins de 7 mètres
- Ne pas crier, ne pas courir
- Ne pas utiliser de flash pour les photos
- Limiter les gestes brusques
- Ne pas se rendre au trek si vous êtes malade (les gorilles sont sensibles aux maladies humaines)
Ces règles sont appliquées avec rigueur — mais toujours dans le respect des visiteurs. Suivre les indications des rangers est non négociable : ils sont les garants de l’équilibre fragile entre tourisme et préservation.
Une alternative en Ouganda ?
Je ne pouvais pas conclure sans en parler : l’Ouganda propose également l’observation des gorilles, dans le parc de Bwindi. Moins cher (aux alentours de 700 USD), un peu plus rude en termes de trek. L’expérience est très proche, mais le Rwanda reste le plus accessible pour un court séjour ou un voyage plus haut de gamme.
Mais si vous êtes déjà sur les routes d’Afrique de l’Est, pourquoi ne pas intégrer les deux ?
Mon ressenti sur le terrain
Je l’avoue : j’étais sceptique au départ. 1 500 dollars pour une heure ? Sincèrement ? Ça fait réfléchir. Mais une fois dans la forêt, la brume accrochée aux feuilles, les grognements au loin, et ce face-à-face avec un vieux mâle dominant, j’ai compris. Tout prend sens. On ne parle pas ici d’un simple safari, mais d’un moment suspendu entre deux espèces, un respect mutuel palpable et une prise de conscience immédiate.
Je suis reparti du Rwanda avec une profonde gratitude. Pour ce peuple qui a su reconstruire autour de la nature. Pour ces rangers qui veillent chaque jour sur les gorilles. Et pour ce moment, brut et puissant, que je vous recommande les yeux fermés, et le cœur battant.