Nairobi : que faire dans la capitale kényane avant ou après un safari

Souvent reléguée au rang de simple point d’arrivée ou de départ vers les grands safaris du Masai Mara, de l’Amboseli ou du Tsavo, Nairobi mérite pourtant qu’on s’y attarde. Capitale du Kenya, elle est bien plus qu’un carrefour logistique. C’est une ville vibrante, contrastée, à la croisée de traditions ancestrales et de modernité brute. J’ai eu l’occasion d’y passer à plusieurs reprises, avant ou après mes circuits en pleine brousse, et chaque fois, elle m’a surpris par son énergie et sa complexité.

Explorer le Nairobi National Park : un safari urbain improbable

Faire un safari à 7 km du centre-ville, avec les gratte-ciel en toile de fond ? Oui, c’est possible à Nairobi. Le Nairobi National Park est une singularité rare dans le monde : un parc national au cœur d’une capitale. On y trouve une grande variété d’animaux – lions, girafes, buffles, rhinocéros (souvent très visibles) – dans un décor semi-ouvert qui rappelle certains coins du Sud du Kenya.

Je conseille d’y aller tôt le matin – l’ouverture se fait à 6h00 – pour profiter d’une lumière douce et d’une activité animale plus intense. Une demi-journée suffit pour un bon aperçu. On peut y aller en voiture avec un guide local, ou, si vous avez opté pour un autotour, y entrer avec votre propre véhicule (à condition qu’il respecte les règles imposées).

Centre de réhabilitation des girafes : un tête-à-tête unique avec les Rothschild

À une vingtaine de minutes du centre se trouve le Giraffe Centre, créé par la Giraffe Manor Foundation pour la sauvegarde de la girafe Rothschild, une des espèces les plus menacées au Kenya. Ici, pas de cage ni de show ultra-commercial : on monte sur une plateforme en bois et on se retrouve nez à nez avec ces géantes douces et inquisitrices, qu’on peut nourrir à la main.

C’est une belle activité, notamment si vous voyagez avec des enfants, ou si vous avez quelques heures tranquilles à tuer en attendant un vol. Personnellement, j’y suis allé après un long périple en 4×4 – c’était une transition agréable vers le confort citadin.

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Le David Sheldrick Wildlife Trust : l’orphelinat des éléphanteaux

Situé à la lisière du Nairobi National Park, le centre de la David Sheldrick Wildlife Trust accueille des éléphanteaux orphelins, souvent victimes du braconnage. Ils y sont soignés, nourris, socialisés… puis relâchés dans la nature une fois suffisamment autonomes. C’est l’occasion de les voir jouer, se baigner et interagir avec les soigneurs, très impliqués.

L’entrée se fait uniquement entre 11h00 et 12h00, tous les jours, pour permettre aux visiteurs d’assister au bain et de recevoir quelques explications sur la mission du centre. Une expérience touchante, presque émotive, qui contraste avec l’adrénaline d’un safari classique.

Marcher dans l’histoire au musée national de Nairobi

Envie de comprendre un peu mieux les peuples, les paysages, et l’évolution du Kenya ? Le Musée national de Nairobi est une étape incontournable. Loin d’avoir la froideur muséale de certains établissements similaires, celui-ci donne un panorama surprenant mêlant paléontologie (avec les célèbres fossiles de la vallée de l’Omo), ethnographie, histoire coloniale et art contemporain africain.

L’espace est moderne, bien organisé, et surtout accessible, même sans guide. Si vous avez une heure ou deux à investir, c’est le lieu idéal pour ancrer ce que vous avez vu (ou allez voir) sur le terrain. Petite mention pour le Snake Park attenant, parfait si vous voulez identifier le fameux « truc qui s’est faufilé près de la tente » sans y laisser un doigt.

Karen : un coin chic, vert… et pas sans intérêt

Le quartier de Karen – du nom de Karen Blixen, dont la ferme est toujours là – est un coin résidentiel plutôt aisé, loin du tumulte du centre-ville. Si vous avez lu La Ferme africaine ou vu le film Out of Africa, vous reconnaitrez peut-être l’ambiance. La Maison de Karen Blixen se visite, et même si elle reste assez modeste, elle offre un bel éclairage sur la vie coloniale de l’époque.

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Autour, pas mal de petits cafés, de galeries d’art et de boutiques d’artisanat authentique (je vous recommande Utamaduni pour les objets de qualité, loin des attrape-touristes). C’est aussi ici que vous trouverez des lodges haut de gamme pour passer une nuit confortable avant de reprendre le circuit.

Découvrir le marché de Maasai Market : immersion dans la culture locale

Si vous cherchez une immersion rapide et directe dans la culture kenyane, le Maasai Market est fait pour vous. Attention toutefois : ce marché est itinérant. Il change d’emplacement chaque jour de la semaine, principalement dans les parkings de centres commerciaux (Westgate, Village Market, High Court parking…).

Vous y trouverez bijoux, tissus, sculptures en bois, peintures, chaussures en cuir… L’ambiance est vivante, les étals colorés, et la négociation intense. Mon conseil : souriez, n’acceptez jamais le premier prix, et évitez d’acheter dès les premières minutes. On se fait vite avoir si on ne se donne pas un peu de marge d’observation.

Profiter de la gastronomie kényane… ou y goûter timidement

Nairobi a une scène culinaire étonnamment dynamique. On y trouve de tout : cuisine traditionnelle kikuyu, plats swahilis, spécialités ethio-kenyanes… mais aussi une cuisine cosmopolite très développée dans les quartiers expats.

Si vous voulez une expérience locale, testez le nyama choma (viande grillée, généralement de la chèvre ou du bœuf), servi dans des restos sans chichi comme Njiru Gardens ou Ranalo Foods. Pour un cadre plus soigné, Tamarind (spécialités de fruits de mer) et K’Osewe’s sont également de bonnes adresses.

L’adresse la plus connue pour les amateurs de viande ? Carnivore. Plus qu’un resto : presque une institution. On y sert toutes sortes de viandes dans un décor rustique. Cela fait un peu « usine à touristes », mais je dois l’admettre, c’est fun, surtout en groupe ou pour une soirée de fin de voyage.

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Questions de sécurité et de mobilité : à savoir avant de se lancer dans Nairobi

Nairobi reste une grande ville africaine : embouteillages monstres, contrastes sociaux forts, criminalité dans certains quartiers… Mieux vaut être préparé.

  • Préférez les déplacements en taxi ou via des applis comme Bolt ou Uber. Pas de matatu (minibus locaux) sans être accompagné d’un Kenyan habitué.
  • Le centre-ville (CBD) est à éviter la nuit, tout comme les zones périphériques non touristiques.
  • Gardez vos effets personnels proches et évitez de sortir votre téléphone ou votre appareil photo inutilement dans la rue.

Et surtout : ne sous-estimez pas le trafic. Une simple traversée de 10 km peut prendre une heure. Donc si vous avez un vol à prendre après votre safari, ne jouez pas avec le timing.

Où dormir à Nairobi : quelques recommandations testées

L’offre d’hébergement est large, mais voici quelques options que j’ai personnellement testées ou qui m’ont été recommandées :

  • Eka Hotel : bon rapport qualité-prix, proche de l’aéroport et du parc national. Idéal pour une nuit avant ou après un vol.
  • Giraffe Manor : luxe inoubliable avec les girafes qui viennent vous rendre visite au petit-déjeuner. Budget conséquent, mais expérience unique.
  • Wildebeest Eco Camp : un lodge écologique dans Karen, ambiance détendue, bonne nourriture, options économiques et haut de gamme.

Que vous soyez en escale rapide ou décidiez de consacrer une vraie journée à Nairobi, la ville a de quoi vous offrir une transition douce entre la vie « sauvage » du safari et le retour au quotidien. Elle n’est pas toujours facile à appréhender, mais elle mérite qu’on y jette un œil plus curieux que prévu. Et il n’est pas rare qu’on reparte avec elle aussi un petit bout d’Afrique dans le cœur.